Thème : L'homme et la nature  -   Sujet : Les ultraviolets
Comment un facteur de l'environnement, les ultraviolets, peut-il être à la fois bénéfique et dangereux pour notre santé ?

 

 

 

III - Les effets bénéfiques des UV

          (1) La vitamine D

               a) Le rôle de la vitamine D

          La vitamine D est une vitamine essentielle au bon fonctionnement de notre organisme. Elle agit en assurant les concentrations adéquates de calcium et de phosphore nécessaires à la formation du tissu osseux. De plus, il semblerait qu'elle ait un effet protecteur contre certains cancers : prostate, colon et sein.
          Elle existe sous six différentes formes : D1, D2, D3, D4, D5 et D6.
Cependant, la vitamine la plus répandue est la vitamine D3 ou cholécalciférol : elle représente en effet environ 70% des apports en vitamine D chez l'Homme. Celle-ci est synthétisée par l'organisme sous l'action des ultraviolets. Pour cette raison, on l'a souvent nommée la "vitamine soleil".
          On trouve la vitamine D3 uniquement dans certains produits animaux tels que les poissons gras, les œufs ou les produits laitiers. Mais elle se forme surtout quand nous exposons notre corps au soleil. En effet, la carence en D3 est essentiellement une carence d'irradiation solaire : la plupart des personnes ne nécessitent pas ou quasiment pas de supplément par l'alimentation.

          Les besoins en vitamine D varient selon l'âge et la pigmentation de la peau : Il semble que la capacité de l'organisme à absorber ou à synthétiser la vitamine D diminue avec l'âge. Ceci a un effet marqué sur l'incidence de l'ostéoporose (cf ci-dessous) chez les aînés. De plus, une quantité suffisante de vitamine D est particulièrement nécessaire durant la petite enfance afin d'éviter le rachitisme.
Les besoins en vitamine D varient selon la pigmentation de la peau : ainsi une personne à la peau foncée requiert une exposition au soleil plus importante qu'une personne à la peau claire pour obtenir un apport adéquat en vitamine D.
          Une carence en vitamine D conduit à des maladies telles que le rachitisme, l'ostéoporose ou l'ostéomalacie.

•  Le rachitisme est une maladie de la croissance et de l'ossification observée chez les enfants. Il s'agit d'une insuffisance de calcification des os et des cartilages due à une carence en vitamine D. Le rachitisme ne se voit que dans les pays faiblement ensoleillés, touchant les enfants entre 6 et 18 mois. Il est caractérisé par des retards du développement moteur et de la croissance ainsi qu'une mauvaise constitution osseuse et des troubles du sommeil.

•  L' ostéoporose est une maladie due à une déficience ou une moins bonne absorption du calcium et de la vitamine D. Elle se traduit la perte de la masse osseuse. Il s'agit d'une maladie qui s'aggrave avec l'âge, si bien qu'elle affecte principalement les personnes âgées. De plus, elle expose à un risque plus important de fractures.

•  L' ostéomalacie est l'équivalence chez l'adulte du rachitisme de l'enfant. Elle est caractérisée par un défaut de minéralisation de la matrice osseuse. Elle entraîne une fragilité osseuse. Elle diffère radicalement de l'ostéoporose où la trame osseuse est raréfiée mais la minéralisation normale.

               b) La photosynthèse cutanée

          La vitamine D est synthétisée par l'organisme au niveau de la peau sous l'action des UV. Il s'agit de la photosynthèse cutanée.
          Ce mécanisme permet de former de la vitamine D3, grâce à l'action des UVB. Les longueurs d'onde utilisées vont de 280 à 315 nanomètres. La quantité de vitamine D3 créée varie en fonction de la longueur d'onde, de la région de l'épiderme où ont lieu les réactions, ainsi que de la quantité d'UV reçue.


          Cette source est donc très variable selon l'exposition au soleil (saisons, brouillard, région, habillement), l'épaisseur et la pigmentation de la peau. Hors des régions tropicales, il est nécessaire d'augmenter artificiellement ces apports de vitamine D. La quantité de vitamine D formée peut être très importante : une semaine d'ensoleillement suffit à multiplier par dix les concentrations de vitamine D.
          En effet, l'importance du soleil est capitale pour notre organisme. La vitamine D, peu répandue dans la nature, ne peut pas provenir d'une alimentation parfaitement équilibrée.
          La vitamine D3 est synthétisée par le rayonnement ultraviolet par les cellules de l'épiderme, à partir d'un dérivé du cholestérol (choléstérol endogène). Elle est ensuite transformée en sa forme active par le foie et les reins.

             

          Ainsi, les UVB n'interviennent qu'à un moment précis du processus de synthèse, mais leur réaction est indispensable. Les UV jouent donc un rôle primordial dans le fonctionnement de l'organisme.
          L'inégale répartition du rachitisme (ci-dessus) sur la planète explique l'importance des ultraviolets dans la synthèse de la vitamine D. En effet, il y a davantage de cas dans les régions tempérées et froides qui favorisent cette maladie.

          (2) L'UV-thérapie

          Outre leurs effets bénéfiques sur l'organisme, les rayons ultraviolets sont également utilisés afin de soigner certaines dermatoses (affections cutanées) telles que le psoriasisLe psoriasis est une maladie qui provoque l'apparition d'épaisses plaques de peau rouges et sèches à différents endroits du corps. Elle touche 2 à 3 % de la population et n'est absolument pas contagieuse. Les cellules de l'épiderme se renouvellent à un rythme beaucoup trop rapide. Puisque leur durée de vie reste la même, elles s'accumulent et forment d'épaisses croûtes. Parfois, une inflammation s'installe et cause des douleurs et des démangeaisons. La maladie est assez imprévisible et très variables selon les individus. Les symptômes durent de trois à quatre mois disparaissent durant plusieurs mois, voire des années (c'est la période de rémission) pour ensuite réapparaître dans la plupart des cas. Parmi les traitements du psoriasis, la PUVA thérapie est l’une des plus populaires et des plus efficaces., le vitiligoLevitiligo Le vitiligo est une perte de pigmentation cutanée caractérisée par de grandes taches blanches ou rosées de localisation variable. Elles sont dues à la destruction des mélanocytes (cellules productrices de pigment). Le risque de coups de soleil et de brûlures sur ces zones est très important. Les causes de cette maladie demeurent inconnues. Des produits antisolaires adaptés et des produits accélérant la pigmentation permettent parfois la repigmentation des plaques , l'eczémaL'eczéma est une affection de la peau courante chez les enfants. Elle touche aujourd’hui 20 % des enfants. En général bénigne, cette maladie disparaît le plus souvent d’elle-même après quelques années d’évolution.L'eczéma se caractérise par des rougeurs, des gonflements localisés, des vésicules suintantes formant ensuite des croûtes, accompagnées de démangeaisons. Il s'agit parfois d'une réaction allergénique., la peladeLa pelade se caractérise par la chute de cheveux par plaques avec une inflammation. Ceci conduit à la perte localisée de cheveux. C'est une maladie qui touche environ 0,1% de la population La pelade peut apparaître à tout âge même si elle est plus fréquente chez les enfants et les adolescents. Les récidives sont fréquentes et imprévisibles. La repousse est aléatoire. Parfois la pelade entraîne une calvitie, ou peux se généraliser à tout le système pileux. , le pruritLe prurit correspond à une démangeaison importante qui oblige le malade à se gratter de façon importante et régulière. A long terme, le prurit entraîne des lésions de grattage, des croûtes et des rougeurs. Il peut être localisé ou généralisé sur tout le corps. Parfois le prurit est le symptôme d'une maladie. Le prurit entraîne souvent des conséquences psychologiques telles que des dépressions. , … Ce traitement médical s'appelle l'UV-thérapie. Les patients sont soumis aux rayons ultraviolets émis par des lampes à UV permettant le contrôle de leur émission. Néanmoins, l'utilisation thérapeutique des UV impose une surveillance médicale rigoureuse du fait des dangers qu'il peut engendrer.
On distingue deux types d'UV-thérapie : la puvathérapie et la photothérapie aux UVB.

               a) La PUVAthérapie

          La PUVAthérapie repose sur l'association d'UVA (320-400nm) et de médicaments photosensibilisants. Ces médicaments, appelés psoralènes, sensibilisent la peau à l'action des rayons UV. Auparavant issus des plantes, les psoralènes sont aujourd'hui synthéthisés. Quelques heures après avoir inhalé les médicaments sous forme de comprimés ou de capsules, le patient s'expose au rayonnement UV. Ainsi, le photosensibilisant parvient à la peau par la circulation sanguine et pénètre la presque totalité des organes. Cependant, tous les psoralènes peuvent engendrer des effets secondaires : vertiges, vomissements, maux de tête, nausées, … De plus, la prise de psoralènes interdit l'exposition au soleil durant les huit heures qui suivent l'exposition aux UV.

          Outre la PUVAthérapie par voie orale, il en existe sous d'autres formes de traitement, comprenant une utilisation plus agréable et moins d'effets secondaires :

La balnéo-PUVAthérapie : Le patient s'immerge dans l'eau du bain où le psoralène est dilué en très faible concentration. Immédiatement après, il s'expose aux UVA pendant environ vingt minutes.

La PUVAthérapie par douche : Le patient se douche avec une eau contenant des psoralènes, puis s'expose aux UVA.

          L'avantage de la balnéo-PUVAthérapie et de la PUVAthérapie par douche est la très bonne absorption des psoralènes par la peau. En outre, les psoralènes n'agissent que très peu de temps, le traitement n'impose donc aucune des mesures strictes de protection. De plus, la dose de rayonnement ultraviolet nécessaire est plus faible.
Malheureusement, le coût important du traitement implique que la balnéo-PUVAthérapie et la PUVAthérapie par douche ne soient pas très répandues.

La puvathérapie locale : On applique une crème contenant des psoralènes sur les régions du corps atteintes. Les médicaments passent ainsi dans la circulation sanguine. Une heure plus tard, l'irradiation aux UVA est réalisée. La PUVAthérapie présente l'avantage d'avoir une organisation moins lourde que la balnéo-PUVAthérapie ou la PUVAthérapie par douche. De plus, elle permet le traitement de zones précises.


          La PUVAthérapie existe depuis les années soixante-dix et présente des résultats extrêmement concluants. Toutefois, il s'agit d'un traitement qui nécessite des doses d'irradiation très élevées et forcément dangereuses. En effet, bien qu'à court terme la PUVA-thérapie n'entraîne aucun risque, il s'avère qu'elle augmenterait le risque de cancer de la peau au bout de quelques années. Pour cela, la PUVAthérapie est strictement interdite aux femmes enceintes et aux enfants de moins de dix ans. En outre, il semblerait que le risque persiste des années après les irradiations, si bien qu'il est nécessaire pour le patient de réaliser des contrôles médicaux réguliers.

          Malgré ces inconvénients, une PUVAthérapie peut s'avérer judicieuse, bien que la photothérapie aux UVB soit apparemment moins dangereuse…

               b) La photothérapie aux UVB

          La photothérapie aux UVB, surtout utilisée en Allemagne, consiste à placer le patient dans une cabine contenant des lampes à UVB (compris entre 290 et 320 nm). Le nombre de séances requises est d'environ vingt à trente à raison de trois séances par semaine. Il semblerait que de meilleurs résultats soient obtenus en associant les UVA aux UVB.
          Depuis 1988, les recherches ont développées des lampes qui émettent de la lumière presque monochromatique dans la longueur d'onde de 311 nm. Ces rayons UVB à spectre étroit s'avèreraient plus efficaces que les UVB à spectre large et constitueraient un progrès énorme dans le domaine de l'UV-thérapie. Son efficacité semble identique à la PUVAthérapie avec des effets secondaires moins importants. Les UVB à spectre étroit présentent donc un risque carcinogène moindre et peuvent de ce fait être utilisés chez la femme enceinte et l'enfant ainsi que dans de nombreux cas où la PUVAthérapie est contre-indiquée. Les patients ne doivent se contraindre à aucune mesure de précaution.Cependant, il est encore impossible de mesurer le risque qu'engendre les UVB à spectre étroit, puisque le traitement n'a été introduit qu'en 1988 et qu'il peut falloir plusieurs années pour qu'un cancer de la peau se développe.
          Il est néanmoins important de souligner que l'on ignore toujours comment agissent les UV-thérapies et que chacunes d'entre elles présentent des effets secondaires : un vieillissement cutané prématuré ainsi qu'un risque de cancer de la peau est presque certain. Il faut donc que la dose de rayonnement émise soit la plus faible possible lors d'une séance d'UV-thérapie.

           c)  Un exemple d'UV-thérapie: le traitement du vitiligo

          Le vitiligo est une perte de pigmentation cutanée caractérisée par de grandes taches blanches ou rosées de localisation variable. Elles sont dûes à la destruction des mélanocytes (cellules productrices de pigment). Le risque de coups de soleil et de brûlures sur ces zones est très important. Les causes de cette maladie demeurent inconnues. Des produits antisolaires adaptés et des produits accélérant la pigmentation permettent parfois la repigmentation des plaques. Parfois une UV-thérapie est conseillée. La photothérapie UVB à spectre étroit, 311 nm a été récemment proposée comme traitement efficace pour le vitiligo.
          Une étude a été réalisée sur 106 sujets atteints de vitiligo étendu. Elle a comparé la photothérapie UVB à spectre étroit à la PUVAthérapie locale à raison de deux séances par semaine :

•  53 patients ont suivi une photothérapie UVB à spectre étroit. Le traitement a débuté à 0,075 J/cm² et a augmenté de 20 % par séance.
•  53 patients ont suivi une PUVAthérapie locale. Après l'application d'un gel contenant un psoralène, le methoxsalène dilué à 0,005 %, les malades ont été irradié intégralement 15 minutes plus tard à une dose d'attaque de 0,5 J/cm².

Après 4 mois de traitement, voici les résultats obtenus :

Photothérapie UVB à spectre étroit

Pigmentation partielle*

67 %

échec

23 %


PUVAthérapie

Pigmentation partielle*

46 %

échec

44 %


* pigmentation partielle : 25 à 75 % de surface atteinte.


          Cette étude démontre l'intérêt évident de la photothérapie UVB à spectre étroit pour le traitement du vitiligo par rapport à la PUVA thérapie.

          Une deuxième étude a concerné 51 enfants (âgés de 4 à 16 ans), atteints de vitiligo généralisé. Après un an de traitement, à la photothérapie UVB à spectre étroit, 27 patients, soit 53 %, ont obtenu une repigmentation supérieure à 75 % de la surface atteinte. De plus, la photothérapie a arrêté la progression du vitiligo chez 80 % des patients. Cette étude démontre que les enfants sont plus réceptifs au traitement.

          (3) La luminothérapie

               a) Qu'est-ce que la luminothérapie ?

          La luminothérapie est une technique mise en place afin de traiter les dépressions nerveuses saisonnières. Aussi appelé SAD (Seasonal Affective Disorder), troubles affectifs saisonniers (TAS) ou dépression hivernale, elle fut découverte dans les années quatre-vingts par des chercheurs américains. Elle touche principalement les habitants des zones tempérées, se manifeste à l'approche de l'hiver et disparaît avec le printemps. Ce syndrome touche environ 3 à 5% de la population.

          Cette dépression hivernale est caractérisée par un manque d'énergie, un plus grand besoin de dormir, un déséquilibre affectif, une perte d'intérêt et de motivation, des insomnies fréquentes ainsi qu'un état de morosité et d'irritabilité.

          La lumière émise par le soleil intervient dans la production de la mélatonine. Il s'agit d'une hormone qui intervient sur le moral et le rythme biologique ; on l'appelle également hormone du sommeil. Lorsqu'elle est en excès la mélatonine provoque des changements d'humeur ainsi qu'un besoin de sommeil. Un manque de lumière peut donc provoquer un dysfonctionnement saisonnier. L'utilisation de rayons ultraviolets permet un recul du syndrome car la lumière émise est identique à celle du soleil. Ils agissent sur la régulation de la mélatonine, provoquant ainsi un effet anti-dépresseur.

               b) Son fonctionnement

          La luminothérapie consiste en des séances d'exposition à une forte luminosité, comprise entre 2 500 et 10 000 lux Le lux est une unité de mesure de l'intensité lumineuse, équivalant à l'éclairement d'une surface qui reçoit, d'une manière uniformément répartie, un flux lumineux de un lumen par mètre carré. Par exemple, un jour ensoleillé correspond à 100 000 lux, un bureau bien éclairé 400 lux et une maison en général 50 lux., afin d'atténuer le manque de lumière hivernal. Pour cela, on utilise des lampes spéciales à intensité variable.
          Ces lampes émettent une faible quantité d'UV, inférieure à la lumière naturelle du soleil. De plus, chaque lampe possède un écran protecteur filtrant les UV. De ce fait, la luminothérapie est sans danger et entraîne peu d'effets secondaires (insomnie et légères migraines en début de traitement).
          On distingue deux luminothérapies différentes :
•  La luminothérapie douce : Il s'agit d'une lumière à spectre complet qui reproduit le même équilibre des couleurs que le soleil de midi. Sans effets nocifs, il est possible de l'utiliser toute la journée sans restriction de durée. Elle agit à n'importe quelle distance.
•  La luminothérapie brillante : c'est une lumière brillante utilisée pour un traitement de courte durée. La luminosité étant de fait plus intense, la lampe est placée à une certaine distance durant un laps de temps limité. La durée de l'exposition varie selon l'éclairement, de 30 minutes à une heure.

          Ainsi, le soleil est bénéfique à notre moral. Mais le bien-être qu'il nous procure n'est pas dû au bronzage mais à la lumière reçue par nos yeux qui chasse la dépression saisonnière.
Ne pas confondre la luminothérapie avec la chromatothérapie ou la chromothérapie. Il s'agit de diverses méthodes thérapeutiques qui font appel aux couleurs du spectre de la lumière, non aux rayons ultraviolets. De plus, ces méthodes sont largement contestées.